Sauver les retraites…et les retraités

A l’origine, la retraite était une assurance.

…Conçue « pour ceux qui n’ont pas eu la chance de mourir ».

Si l’âge de la retraite a été fixé à 64 ans à l’origine, c’est pour une raison bien simple : la retraite n’avait pas été prévue pour permettre aux retraités de vivre. A l’époque, 65 ans représentait l’espérance de vie de l’ouvrier. Quand on avait fini de travailler…on mourait! Hors de question de profiter d’un répit et d’un repos bien mérité.

…Mais pas tous, heureusement. Comme certains avaient eu la drôle d’idée de vivre un peu, il fallut trouver une solution pour garantir leur survie avant l’échéance finale, et le système de retraite a été inventé.

Par la suite l’espérance de vie augmentant, la retraite dû financer de plus en plus de vies durant de plus en plus longtemps. Les primes ont été élevées en conséquences. Aujourd’hui, le Droit à la Retraite mérite bien ses deux capitales. Plus personne n’aurait l’idée de mettre en doute le droit à un individu à se reposer de sa vie de travailleur. Ce qui se passait à l’époque était une abjection. La tendance logique étant de disposer d’un droit à la retraite de plus en plus tôt, et non pas de plus en plus tard comme nous observons les tendances politiques sous prétexte d’une espérance de vie de plus en plus longue.

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Lorsque la retraite par répartition a été conçue  elle fût une idée géniale.

Elle permit d’offrir une vraie retraite aux actifs sortants, bien qu’ils n’aient pu cotiser sur leur maigres salaires obtenus en travaillant 12/6/7. A ce moment-là le Delta actifs-retraités était si favorable que la solution était aussi simple que géniale.

Une véritable fortune s’est rapidement accumulée. C’est donc à ce moment-là qu’il eut fallu entamer les réformes, au fur et à mesure des incidences démographiques.

…Rien n’a été fait et les retraites sont dans le mur.

Aux nouvelles générations de se débrouiller pour assumer les anciennes.

Finalement, les nouvelles générations laborieuses, y compris le fait de l’augmentation fatale du nombre d’exclus en raison de la baisse drastique future de la consommation, devraient se débrouiller avec les miettes du monde laissées pour parvenir à payer des retraites si hautes qu’actuellement la seule frange de la population qui sauve encore les secteurs immobilier, tourisme, automobile….ce sont les retraités? Un facteur de fracture générationnelle sans précédent, assurément.

Pas le choix, il faut donc revoir le concept même de la retraite dans ses fondements afin qu’elle survive tout en préservant le pont entre les générations. D’autant que de nouveaux paramètres viennent s’y ajouter nécessitant une nouvelle prise en compte des conditions de la fin de vie.

Hier, les enfants héritaient des parents et reprenaient l’activité, la maison, s’occupaient de leurs parents. Aujourd’hui, avec le vieillissement de la population avec une considérable amélioration de leur santé et de leurs conditions de vie, lorsque les enfants héritent, ils sont eux-mêmes à la retraite depuis longtemps. Demain, l’âge va encore s’allonger considérablement. Ceux qui vivront 200 ans sont déjà nés, certains parlent de 1000 ans. On parle d’éternité dès la moitié du siècle en transférant simplement notre esprit dans de nouveaux corps, clonés, bioniques ou androïdes, mais de toute manière augmentés et débarrassés des imperfections inhérentes à l’espèce humaine. Les quadragénaires actuels ont de bonnes chances de vivre jusqu’à 140 ans. Quand on voit qu’aujourd’hui la durée de cotisation est déjà prévue à 43 ans pour 2035, ce qui amène à près de 70 ans pour un taux plein, est-ce à dire que si ces prédictions s’avéraient exactes on porterait la durée de cotisation à 80 ans et qu’il faille travailler jusqu’à 100 ans pour toucher sa retraite? …Quand on pense que la génération des baby-boomers, celle qui se plaint d’avoir travaillé 40 ans…

De plus, comme les retraités sont en meilleure santé, ils sont plus enclins à profiter de la vie à leur entrée dans la retraite et s’offrir la croisière de noces qu’ils n’ont pas pu s’offrir à leur mariage, de faire enfin ce pélérinage en Israël qui leur donnera un splendide  « Diplôme du Pélerin » signé d’une authentique reproduction de la signature manuscrite, réputée apocryphe, du Ministre du Tourisme en place. Ce faisant, il devient périlleux de compter sur un pécule pour terminer sa vie. Comme de travailler jusqu’à la mort n’est pas une solution sociétale satisfaisante, il sera bon de proposer autre chose, une autre solution.

LA Solution : La retraite pourrait n’être qu’une garantie rassurante.

Je propose qu’il soit considéré que la retraite soit une assurance. La présence de cette assurance garantit à tout un chacun de pouvoir prendre un risque dans la vie en entreprenant, en s’investissant dans la vie communautaire et en créant de l’emploi ou en sauvant des vies. Peu de gens accepteraient de se risquer dans l’aventure de l’entreprise s’ils pensaient tout perdre. De leur garantir une possibilité de retraite en cas d’echec permet d’encourager les initiatives personnelles. Il faut le savoir, entreprendre, c’est dur, c’est dangereux. Une fois à la retraite, si on a rien, on crève!

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D’un autre côté, si on a réussi, on a donné à manger à d’autres. On a contribué au fonctionnement de l’économie. Un bel objectif à atteindre, mais qui implique d’être protégé, soutenu. Sans soutien, les vocations risquent d’être rares. Par conséquent, le développement sociétal faible.

il suffirait d’adjoindre à cette « assurance » une condition de ressource. Par exemple 1500€/mois pour un célibataire, 2500€/mois pour un couple, ce qui représenterait le 100% de la rente minimale. Puis, dégressive en conséquence du revenu jusqu’a un seuil, où elle s’éteindrait à 0, par exemple 2500€/mois pour un célibataire, 3500€/mois pour un couple.

Bien sûr, certains rétorqueront : « mais ils ont cotisé ». Ce à quoi je rétorquerai que lorsque nous quittons un logement, notre assureur RC ne nous donne pas une rente pour les primes versées. De même, est-ce à comprendre alors que sous pretexte que tout travailleur cotisant au chômage, il devrait aller au chômage histoire de récupérer ce qu’il a cotisé?

Actuellement, les retraités, je ne parle pas des 14% de pauvres, je parle de ceux qui représentent le 80% des clients de l’immobilier, ont des gains divers. Des immeubles acquis pour presque rien il y a quelques dizaines d’années dont la location est maintenant nette. Des commerces fondés alors que tout était bien plus facile qu’aujourd’hui et maintenant loués en lucratifs fonds de commerce. Dès lors, pour ces gens, la rente de retraite ne sert qu’à leur financer…le leasing de leur Mercedes et leur maison de campagne. Pour le reste, ils ont leur propre revenu.

Je vous pose la question : est-il du ressort de la caisse de retraite de financer la Mercedes de grand-papa?

Le calcul…

Parce qu’il est évident que le petit ouvrier à la retraite est un fauché et que celui qui touche 2’500€ de revenu patrimonial (caisse de pension, assurance-vie, placement financier, rendement immobilier, location de son fonds de commerce, etc…) n’a pas besoin de la caisse de retraite pour vivre. Celui qui a réussi en prenant un risque qu’il s’est autorisé à prendre grâce au fait que le système autorise de le faire, ce qui n’est le cas que dans le système capitaliste, qui, de surcroit, lui garantissait de pouvoir survivre en cas d’échec n’a pas à bénéficier des prestations de cette assurance.

Celui qui s’est planté, ne l’a pas fait par plaisir, mais il a tenté quand même de contribuer au système, voir il y est parvenu durant des années si ça se trouve et un changement de conjoncture est à l’origine de son échec. Il a alors droit à la « reconnaissance », même minimale, de la societé pour sa contribution et le risque pris.

Un individu percevant 2500€ ne touche rien
2000€ donnent droit à 300€ de retraite
1500€ = 600€
1000€=900€
500€=1250€
0€=1500€, la rente de base complète

Tout ceci n’interdit pas que chaque individu peut décider de toucher plus de retraite en cotisant plus, ce qui va, par exemple, relever le plafond. Une double cotisation donne droit à une réduction du revenu imposable la vie durant et à un seuil relevé à 3500€ ou une rente de base plus élevée…

Dans ce cas, par exemple un gars percevant 1500€ de revenu, toucherait alors encore une rente de 850€, soit 2350€, 250€ de plus par mois que s’il avait cotisé normalement et s’il n’a pas de revenu patrimonial, il touche 2000€ au lieu de 1500€.

Parce que, je vous le rappelle, et personne n’en parle, ceux qui touchent les plus grosses retraites, sont aussi ceux qui ont payé les plus grosses tranches d’impôt, mais c’est aussi ceux qui ont eu le plus de réductions sur le revenu imposable puisque la cotisation à la caisse de retraite est déductible. CQFD.

Des économies sur les plus riches au bénéfice des plus faibles.

Ce système permettrait de retirer la pension, souvent les plus grosses –et Ils sont très nombreux– à ceux qui n’en ont pas besoin et qui l’utilisent, selon mes termes, « pour payer les mensualités de leasing de leur Mercedes » afin d’utiliser les fonds à la fois pour augmenter les plus petites retraites et reconstituer la fortune de la retraite.

Un droit acquis à tous, qui permet à chacun de mener sa vie librement.

…Mais aussi de retirer une épine cruciale du pied des individus, à savoir qu’il n’est plus nécessaire d’avoir cotisé pour percevoir. Un individu ayant consacré sa vie à de l’humanitaire ou au développement de la culture ou autre n’a rien à justifier pour obtenir le droit minimal. Si ça se trouve, il gagne plus à la retraite que lorsqu’il était actif…et misérable sans qu’il n’ait pour autant été un « inutile » ou, pire, un « parasite ». La valeur d’un homme, ou son honnêteté, ne se mesure pas à sa cotisation à la caisse de retraite, encore moins à sa soumission à un emploi rémunéré. Si tel devait être réellement le cas, la philosophie aurait de beaux jours devant elle et nous serions en train de souffler sur le feu dans notre caverne plutôt que communiquer sur internet. De considérer la valeur d’un homme à ce qu’il s’est astreint à cotiser, surtout en ces temps difficiles et incertains, est d’une abjection inique et de « donner des points en conséquences des actes » est subjectif.

Le système est rééquilibré.

Voilà les retraites financées. L’ouvrier sorti de son image de cotisant à vie dont le rôle se limite à bosser en évitant de penser. L’entreprenant frileux rassuré. Et, surtout, vu le nombre de centaines de milliers de retraites versées à des gens qui ont déjà des revenus considérables, ce qui est indécent au même titre que d’accorder le RSA à un capitaine d’industrie. Comme les hauts cadres, les hauts fonctionnaires, les notaires, des sommes gigantesques mensuellement dilapidées sur le dos des plus petits, pourtant ceux qui ont cotisé le plus longtemps. Ces sommes indues économisées reconstituent FACILEMENT la fortune de la caisse de retraite.

L’objectif civilisationnel à atteindre est une retraite tôt et de loisirs.

D’avancer l’âge de prétention aux droits à la retraite, non plus à 65 ans, 62ans, 60 ans, mais 55 ans est un objectif qui permettrait de résoudre plus de 80% des problèmes de l’emploi des seniors, ainsi qu’une bonne part des dépenses de santé en raison du travail pour la sécurité sociale.

Selon l’OCDE, les taux de maladie du travail s’élèvent vers 50 ans et explosent à 55 ans. De laisser travailler des gens au-delà amène donc de l’inconfort pour les travailleurs et des coûts considérables pour la sécurité sociale qu’il aurait été facile d’éviter.

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Outre la solution que je préconise plus haut, qui reconstituera la fortune et permettra sans doute l’avancement sensible de l’entrée à la retraite, d’autres dispositifs sont à mettre en place.

Par exemple une TVA à taux réduit (1%?) pour les retraités pour les inciter à faire valoir leur retraite. Ils accèderaient à ce taux réduit sur présentation d’une carte de retraité. Les encaissements réalisés par tous les acteurs de l’économie bénéficiant de cette réduction donneraient lieu à un dividende fiscal direct en faveur de la caisse de retraite.

Exemple : un marchand vend un objet 100€ en TVA réduite, sur cette somme il paie 20€ d’impôts, il pourrait être déterminé que le fisc reverserait par exemple directement 25%, soit 5€ à la caisse de retraite.

Ainsi la caisse de retraite s’autoenrichirait du niveau de vie qu’elle accorde aux retraités.

Pour l’Etat, un chouilla moins de recettes (une TVA sensiblement réduite et des rentrées fiscales indirectes détournées), mais également moins de dépenses, puisqu’une bonne part des problèmes d’insertion professionnelle des seniors est résolue, la sécu a moins de dépenses de santé pour le travail sur les personnes sensibles puisque les coûts des problèmes de santé dûs au travail au-delà de 55 ans sont limités.

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S’il avait arrêté de travailler plus jeune…

Accessoirement, les retraités, c’est aussi une source de profit social/sociétal considérable. Ces jeunes retraités, plus riches, en meilleure santé, bénéficiant d’avantages, vont dépenser plus, donc augmenter la ressource fiscale indirecte, ce qui compensera la perte sur TVA. D’autant que puisque plus jeunes et en meilleure santé, les retraités seront en état de « bricoler ».

Les conséquences sont considérables également sur le point de vue familial, puisque les retraités, plus nombreux, plus jeunes, en meilleure santé, peuvent s’occuper plus facilement de leurs petits-enfants, ce qui résoudra considérablement le problème des gardes d’enfants, autre poste de dépense considérablement amoindri pour l’Etat.

Des retraités jeunes pour une société plus jeune

Dans l’idéal, les retraites devraient être prises dès 55 ans avec un butoir, qui lui serait modulé en conséquence de l’espérance de vie. Aujourd’hui, nous pourrions peut-être le placer à 80 ans. Il ne manquera pas de monter par la suite avec l’espérance de vie. On peut l’imaginer à 110 ans dans un siècle.

Tout d’abord, il faut comprendre deux choses :

1) Nous l’avons vu plus haut, c’est à 50 ans que commencent les problèmes de santé dûs au travail. Mais on ne peut pas mettre à la retraite les gens à cet âge, c’est là qu’ils sont performants. Plus dans la force de l’âge, mais compétents, responsables, encore forts. Mais à 55 ans, les problèmes de santé dûs au travail EXPLOSENT!

2) Aujourd’hui, la moyenne de l’OCDE du coût des retraites sur les PIB nationaux est de 10 points, 11,2 points de PIB pour la France. En laissant les retraites telles qu’elles sont, donc en finançant le manque dans les caisses par d’autres sources (le budget de l’Etat, tout simplement), ce taux passerait à 12 points du PIB, 13,7 points de PIB pour la France, en 2050.

Quand on se réfère au PIB, on voit clairement que les retraites sont parfaitement  finançables, pour autant que nous le prévoyons.

Le coût des retraites ne doit pas seulement prendre en considération les rentes des pensionnés, mais également les gains multiple d’avoir des retraités jeunes. Quelques exemples sur des centaines :

  • Plus le retraité est jeune, plus il entre à la retraite en meilleure santé et moins il coûte à la sécu.
  • Plus le retraité est jeune, plus il a de loisirs, il dépense en vacances, tourisme, distractions (on va plus volontiers au cinéma et au resto à 55 ans qu’à 85 ans).
  • Plus le retraité est jeune, plus il va bricoler. Il va construire un barbecue en dur chez sa fille pour que son gendre puisse les inviter le dimanche ou il va construire une cabane pour les enfants de son fils. Des produits achetés dans les grandes surfaces du bricolage qui rapportent énormément à l’Etat, en emplois, impôts, TVA, etc…
  • Plus le retraité est jeune, plus il sera apte à s’occuper de sa smala, donc à limiter les crèches, les problèmes sociaux afférents, etc…
  • Plus il y a de retraités, moins il y a de seniors au chômage…et donc moins il y a de chômeurs globalement puisqu’il y a plus de places pour les jeunes.
  • Si les retraités ne sont pas épuisés, ils peuvent servir de transmetteurs du savoir dans des structures adaptées (des associations, il y en a beaucoup) ce qui élève le niveau des jeunes à être au contact de seniors qui ne leur parlent pas, mais avec lesquels ils interagissent dans des activités ludiques librement choisies. Tout le monde connaît les influences du sport sur le jeune et ce que représente le vieux « coach » pour eux.
  • Les retraités sont une véritable manne pour le bénévolat associatif. Les associations ne sont pas moindres dans le paysage économique. Pour la France elles représentent 34Mds€ de subventions/an et au bas mot 70Mds€ d’économies par rapport aux coûts des services fournis si l’Etat ou le secteur privé commercial devait les fournir.

…Et j’en passe comme ça des pires et des meilleures…

Donc, l’avenir économique est bel et bien au travers d’une retraite de plus en plus jeune afin d’évoluer de plus en plus vers une société de loisirs.

Finalement, notre société ne vieillit pas en raison de la pyramide des âges, mais en raison de la distribution des fonctions dans cette pyramide des âges. D’avoir des retraités jeunes ne diminue pas le nombre de vieux, mais rajeunit la société.

Il faut préparer le terrain.

Tout ceci ne peut se passer du jour au lendemain. Mais l’intérêt de cette proposition est qu’elle a l’avantage d’être politiquement correcte, socialement avant-gardiste, économiquement réaliste, humainement et sociétalement orientée vers l’avenir.

La transition économique est possible, mais graduellement, pas du jour au lendemain. En retardant l’âge des retraites comme on l’a fait et en augmentant les primes, on retarde cette échéance et on enfonce encore plus profondément le système des retraites dans un fonctionnement désormais anachronique jusqu’à l’obsolescence.

Avec ce concept, in fine, l’Etat gagne en gestion, les comptes restent équilibrés, des secteurs économiques importants, comme le bricolage et le tourisme, voient leur clientèle augmenter, l’économie se porte mieux. Le marché du travail est considérablement appaisé. C’est une société apaisée qui avance vers son futur.

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